Robert Mugabe, l’ancien homme fort du Zimbabwe est mort. Malade, il est décédé à Singapour à l’âge de 95 ans, a précisé sa famille, citée par la BBC.
En 2017, alors qu’il était le plus ancien chef d’État encore en exercice dans le monde, un coup d’État le pousse à démissionner de la présidence. Il dirigeait le Zimbabwe depuis 37 ans, d’abord en tant que Premier ministre, de 1980 à 1987, puis comme président.
C’est son successeur, Emmerson Mnangagwa, qui a fait l’annonce du décès de Mugabe sur Twitter.
« Robert Mugabe était une icône de l’indépendance, un panafricaniste qui a dédié sa vie à l’émancipation de son pays. Sa contribution à l’histoire de notre pays et du continent africain ne pourra jamais être oubliée », a-t-il également commenté.
Robert Mugabe est né en février 1924 dans l’ancienne Rhodésie du Sud, colonie britannique qui deviendra le Zimbabwe en 1980. Son père ayant quitté le foyer familial, il grandit avec sa mère dans une mission catholique jésuite. A 17 ans, il part suivre des études d’histoire et d’anglais en Afrique du Sud.
C’est là qu’il rencontre d’autres futures figures de l’indépendantisme de la Tanzanie ou de la Zambie. Rentrée en Rhodésie du Sud en 1960, et converti à l’idéologie marxiste, Robert Mugabe s’engage en politique et mène la guérilla contre le gouvernement blanc d’Ian Smith.
Il sera emprisonné sans procès pendant 10 ans dans un camp de restriction, après son arrestation en 1964. A l’indépendance du Zimbabwe, il devient le premier chef du gouvernement du pays, après la victoire de son parti, l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU).
Politique de réconciliation
Lorsqu’il a pris les rênes de l’ex-Rhodésie, devenue indépendante en 1980, Robert Mugabe a séduit. Sa politique de réconciliation, au nom de l’unité du pays, lui vaut des louanges générales, particulièrement dans les capitales étrangères.
Il offre des postes ministériels clés à des Blancs et autorise même leur chef, Ian Smith, à rester au pays. Bardé de diplômes, le révolutionnaire Mugabe apparaît comme un dirigeant modèle.
En 10 ans, le pays progresse à pas de géant: construction d’écoles, de centres de santé et de nouveaux logements pour la majorité noire. Très tôt pourtant, le héros a la main lourde contre ses opposants.
Le héros de l’indépendance devenu despote
Dès 1982, il envoie l’armée dans la province « dissidente » du Matabeleland terre des Ndebele et de son ancien allié pendant la guerre, Joshua Nkomo. La répression, brutale, fait environ 20 000 morts.
Mais le monde ferme les yeux. Il faudra attendre les années 2000, ses abus contre l’opposition, des fraudes électorales et surtout sa violente réforme agraire pour que l’idylle s’achève.
Effondrement économique
Affaibli politiquement, déstabilisé par ses compagnons d’armes de la guerre d’indépendance, Robert Mugabe décide de leur donner du grain à moudre en les lâchant contre les fermiers blancs, qui détiennent toujours l’essentiel des terres du pays. Des centaines de milliers de Noirs deviennent propriétaires, mais au prix de violences qui contraignent la plupart des 4 500 fermiers blancs à quitter le pays et font la Une des médias occidentaux.
La réforme précipite l’effondrement d’une économie déjà à la peine. Les liquidités manquent et 90% des Zimbabwéens sont au chômage.
En octobre 2017, il limoge son vice-président Emmerson Mnangagwa, sous la pression de son influente et ambitieuse épouse Grace qui s’invite dans la course à sa succession. C’est l’erreur fatale. L’armée le lâche. Son parti, la ZANU-PF, et la rue également. Le plus vieux chef d’État en exercice de la planète, longtemps considéré indéboulonnable, est acculé à la démission.
(avec AFP)
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