Le Blanco ou le vin blanc est une boisson produite à l’aide du raphia ou du palmier. Ce vin sauvage, est considéré comme un symbole d’hospitalité dans les communautés forestières. C’est aussi un moyen de renforcement des liens sociaux selon ses consommateurs qui trouvent le plaisir en se retrouvant chaque soir dans les cabarets pour se partager des pots.
En effet, en région forestière et plus précisément à N’zérékoré, chef lieu de la région, nombreux sont ceux qui aiment consommer le vin blanc communément appelé ‘’Bangui’’ ou ‘’Touguiyé’’ en langues nationales. Sur les lieux de ce désir, l’on y rencontre toutes les tranches d’âge. Chaque soir, les consommateurs s’y retrouvent pour se partager des pots. C’est le cas au quartier Nakoyapkala où nous nous sommes rendus pour constater les réalités.
Rencontré sur place, un jeune consommateur exprime sa motivation de consommer le ‘’blanco’’ en groupe en ces termes : « On a vu la consommation du blanco à nos parents, et ceux-ci consommaient toujours en groupe. Ils appelaient leurs amis pour partager ensembles les pots. Ce n’est pas la boisson qu’ils regardaient mais la causerie qui est derrière. C’est un moyen de renforcement d’amitié ».
Et à Richard, un autre consommateur de renchérir : « Moi je préfère prendre le blanco dans les cabarets que de rester seul à la maison. Parce que c’est un lieu de retrouvaille. Quand tu viens ici, tu peux rencontrer tes anciens amis que tu as perdus de vu pendant longtemps. Tu peux aussi faire la connaissance de nouvelles personnes ».
Oumar, commerçant de son état quant à lui, affirme : « chaque jour, je viens ici pour boire à cause d’une ami qui m’a amené dans cet endroit. Donc avant de rentrer à la maison, je viens me recréer ici avec les amis. Ma motivation est que le vin blanc est moins nuisible pour la santé par rapport à certaines boissons dont l’abus affecte dangereusement la santé. Le blanco est donc moins cher et moins dangereux pour notre santé. Quand je bois, je me sens à l’aise ».
Pour d’autres, le vin blanc permet de guérir certaines pathologies.
« Le vin blanc est un médicament traditionnel, il guérit plusieurs maladies. Moi j’aime le prendre dans les lieux publics. Par ce que quand je suis avec les amis, je me sens à l’aise. Quand je prends pour envoyer à la maison je me sens isolé », nous a confié Francis IB Bolamou, enseignant chercheur.
En plus de ces facteurs, le vin blanc symbolise l’hospitalité dans les communautés jadis de la région forestière. Il est utilisé dans les cérémonies et pour accueillir des étrangers, nous indique le doyen, Patrice Kpogomou..
« Le vin blanc est un symbole dans nos traditions. Quand un étranger vient chez toi, tu lui donne d’abord de l’eau pure accompagnée du vin blanc. Ça c’est un signe d’hospitalité et d’honneur pour montrer à l’étranger qu’il est chez lui. Le blanco est aussi utilisé dans toutes nos cérémonies », témoigne t-il.
La raison de la présence de plusieurs personnes dans les cabarets est que le prix est abordable. Le pot est vendu entre 3 000 et 5 000 GNF alors que dans les bars et maquis, les boissons industrielles sont vendues à partir de 10 000 GNF.
En dépit donc de son côté social, le vin blanc est devenu en outre, une source de revenue pour plusieurs personnes. Des personnes qui gagnent leur pain à travers la vente de ce produit.
Cependant, force est de reconnaitre que la consommation de cette boisson ne reste pas sans conséquence comme l’explique le docteur Mohamed Fanta Sylla de l’hôpital régional de N’zérékoré. Selon lui, le vin blanc provoque chez l’homme certaines maladies notamment, l’encéphalopathie « car l’organisme produit sa propre dose ».
« Le vin est rempli d’éléments qui détruisent les vitamines du groupe B et le système nerveux. Ainsi, le consommateur est atteint de la maladie neurologique appelée encéphalopathie dont la cause est une carence en vitamine B. Les manifestations sont diverses, soit des lésions du cerveau, des ventricules et quand le cerveau est touché on perd son contrôle », dit-il.
Et de conclure : « A la longue, le consommateur à des troubles, le manque de jugement de soi et de confiance. Ainsi, ça pousse le toxicomane qui n’est plus maître de lui de passer à un acte sans réfléchir parce qu’il ne peut plus distinguer le mauvais du bon. »
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