Envahissement du stade Général Lansana Conté : qui du CONOR et du Groupe SamGBM est fautif?
Le match Guinée-Malawi (1-0) comptant pour la deuxième journée des éliminatoires de la CAN 2023 a été émaillé d’incidents. Des supporters massivement mobilisés ont pris d’assaut le stade Général Lansana Conté en dépassant largement le nombre autorisé par la Confédération africaine de football (CAF) qui était de 16 000 places. Et une fois au stade, certains d’entre eux ont fait irruption sur la pelouse à la 90+1′ en provoquant l’arrêt du match suite au but de Naby Keita, capitaine du Syli National de Guinée. Cette attitude pourrait exposer la Guinée à d’éventuelles sanctions selon des observateurs. Et depuis ces événements, le comité de normalisation et le groupe SAMGBM qui gère le stade se rejettent la responsabilité. Mais que s’est-il réellement passé ? Kibaro224.com vous aide à comprendre à travers des témoignages de différentes parties.
Le Syli National de Guinée a reçu les flammes du Malawi le jeudi 09 juin 2022 au stade Général Lansana Conté au compte de la deuxième journée des éliminatoires de CAN Côte d’Ivoire 2023. Une occasion pour l’équipe guinéenne dirigée par Kaba Diawara de jouer devant ses fans pour la première fois depuis plusieurs mois. Mais les choses ne se sont pas passées comme on aurait souhaité. Des débordements ont été constatés avant et pendant le match.
DES DEFAILLANCES DANS LA VENTE DES TICKETS
Les problèmes ont commencé quelques jours avant le match au niveau de la vente de billets d’accès au stade. Le comité de normalisation avait confié la vente des tickets à l’entreprise « Billets Facile », une entreprise spécialisée dans la vente des tickets lors des événements à Conakry. Ainsi, cette entreprise a mis à la disposition de ses clients, une possibilité d’achat en ligne pour éviter les déplacements. Mais ce dispositif au lieu d’être une solution a causé du mal à plusieurs personnes dans son utilisation. Selon des témoignages relayés par des médias, certains supporters ont versé de l’argent dans le compte indiqué sans pouvoir entrer en possession de leurs tickets.
Comme il fallait donc s’y attendre, le jour du match, des milliers de supporters ont envahi l’entrée du stade dans le but de se procurer des tickets. Ce qui a entraîné des bousculades sanctionnées par l’intervention des forces de l’ordre avec l’usage de gaz lacrymogènes selon des témoignages. Pendant cette débandade, beaucoup de gens ont escaladé la cour du stade pour accéder à l’intérieur dépassant ainsi le nombre limite (16000 places) exigé par la confédération africaine de football.
ENVAHISSEMENT DE LA PELOUSE
Dans ces contextes évoqués ci-haut, plus de 30 000 supporters selon les estimations de certains journalistes qui étaient présents, se sont retrouvés dans les gradins du stade. Soit deux fois plus que le nombre recommandé. C’est dans cette folle ambiance que le coup d’envoi du match a été donné à 16h00 T.U.
Le public a commencé à pousser et continuer à pousser le Syli. Mais face à l’incapacité de la bande à Naby Keita de marquer un but, la pression a commencé à monter au file du match, jusqu’à la 90+1′, l’heure à laquelle le capitaine guinéen a marqué le but de libération. Spontanément, un groupe de supporters est descendu sur la pelouse provoquant l’arrêt du match pendant plusieurs minutes et la perte des images pour les chaînes qui les retransmettaient en direct. Cet incident, selon plusieurs observateurs pourraient coûter cher à la Guinée. Car, il peut entraîner des sanctions financières et disciplinaires qui pourraient contraindre le pays de délocaliser ses matchs à domiciles.
LE CONOR ET SAMGBM S’ACCUSENT
Depuis ces incidents malheureux, le Comité de Normalisation de la fédération guinéenne de football et le Groupe SAMGBM qui gère le stade se rejettent la responsabilité. Dans une interview qu’il a accordé à Guineenews.org au lendemain du match, le vice-président du CONOR, Sega Diallo a accusé la société d’Antonio Souaré, ancien président de la Féguifoot, d’être responsable de ce qui est arrivé. A l’en croire, les administrateurs du stade ont fermé la porte jusqu’à la veille du match. C’est ce qui aurait créé tous ces embouteillages devant la porte. Pour lui, cela était fait à dessin par le groupe SAMGBM. Sachant que le stade était déjà sous-menace de sanction pour manque d’entretien, cette société aurait décidé de saboter ce match pour trouver un autre prétexte à cette suspension.
« On est resté jusqu’à 14 heures moins le quart avant que je n’appelle le ministre des Sports, en compagnie du Commandant Costa qui coordonnait les troupes de la Gendarmerie et le Commandant adjoint Onipogui, Commandant adjoint des CMIS. Le ministre nous a ordonné de casser les cadenas. Mais déjà ça faisait deux heures d’accumulation du public dehors. On a créé des incidents justes pour justifier la suspension du stade par autre chose que par cet état de fait. Mais les guinéens ne sont pas dupes. La Confédération africaine de football va adresser un courrier qu’on mettra à disposition», a-t-il déclaré.
La réaction du SAMGBM d’Antonio Souaré ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué, la direction de la société Business Marketing a condamné les propos du vice-président du CONOR qu’elle a qualifiés d’irresponsables
« Face à cette forme de provocation injustifiée, injustifiable et dénuée de tout fondement, le Groupe Business Marketing dénonce et condamne avec vigueur et fermeté, les manœuvres dilatoires d’un vice-président et d’un CONOR incompétent, incapable d’assumer ses échecs répétés depuis son installation. Le Groupe Business Marketing rappelle, comme tout le monde sait, que l’organisation de ce match Guinée – Malawi et de tous les matchs internationaux des instances de Football (FIFA, CAF, UFOA etc.) relèvent exclusivement et intégralement de la compétence des Associations Nationales, donc du CONOR qui fait office actuellement de Fédération Guinéenne de Football», a dénoncé le groupe GBM.
CE QUE RAPPORTENT LES MÉDIAS
Ces deux parties continuent de se rejeter la responsabilité, mais ces événements n’ont pas échappé le regard des journalistes. Au lendemain du match, nos confrères de Conakrysports sont revenus sur ces incidents en confirmant les propos du vice-président du CONOR. Selon eux, toutes les défaillances sont venues de l’administration du stade qui a fermé a porté au public.
« Environ deux heures, les membres du CONOR chargés de l’organisation du match, ne sont pas parvenus à convaincre cette fronde à sa tête un certain Sogoboly pour ouvrir les portes. Il a fallu l’ordre du ministre des Sports, Lansana Béa Diallo, pour que deux cadenas soient cassés afin de permettre au public d’entrer au stade. Cela a entrainé des trouble et a mis en mal le dispositif de sécurité », rapportent nos confrères de Conakrysports.
Pour soutenir ses affirmations, Conakrysport cite Abokate, présenté comme étant le responsable de la sécurité de la CAF en Guinée qui aurait dit que «L’administration du stade n’a pas ouvert les portes à temps. Pourtant, ils étaient là, en réunion technique. Ils savaient à quelle heure il fallait être là pour ouvrir les portes. Je ne savais pas que le directeur était malade, on ne m’a pas informé», rapporte le site Conakrysports.
« Environ deux heures, les membres du CONOR chargés de l’organisation du match, ne sont pas parvenus à convaincre cette fronde à sa tête un certain Sogoboly pour ouvrir les portes. Il a fallu l’ordre du ministre des Sports, Lansana Béa Diallo, pour que deux cadenas soient cassés afin de permettre au public d’entrer au stade. Cela a entrainé des trouble et a mis en mal le dispositif de sécurité », rapportent nos confrères de Conakrysports.
Mais au-delà de tous ces témoignages, il faut signaler également la défaillance au niveau de la sécurité. Le nombre d’agent était très peu par rapport à la taille de l’événement déplorent plusieurs sources. Pourtant selon nos informations, il était prévu de mobiliser 1000 agents pour la circonstance. Chose qui n’aurait pas été respecté, ce qui expliquerait l’impuissance de la sécurité pour canaliser la foule.
Pour tirer au clair cette situation, le comité de normalisation annonce une réunion entre toutes les parties impliquées afin de situer les responsabilités et tirer une conclusion. Pendant ce temps, les regards sont tournés vers la commission de discipline de la CAF pour voir si le pays écopera ou pas des sanctions.
Mamady 2 Camara