N’zérékoré : pour le cadre de concertation interreligieux, la justice doit être la boussole des assises nationales

En Guinée, les assisses nationales de vérité et de pardon démarrent le 22 mars 2022. C’est le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya qui l’a fait savoir lors du conseil des ministres du 10 mars 2022. Ces assises nationales se tiendront sur toute l’étendue du territoire national ainsi que dans les ambassades à l’étranger, a fait savoir le Chef de l’Etat. Mais à N’zérékoré, dans la région forestière, théâtre d’affrontements intercommunautaires récurrents ces dernières années, cette initiative est diversement appréciée au sein du cadre de concertation interreligieux

Pour certains, les assises constituent une bonne chose pour se parler, mais ils ne comprennent pas pourquoi l’aspect justice n’est pas pris en compte.

« Tout ce que les guinéens aspirent, c’est de vivre en paix et ensemble, partager ce que le pays a dans son sous-sol. Cela ne peut se faire que quand il y a l’entente, la paix et la concorde nationale. Si on parle d’assises nationales, c’est tout à fait normal pour que les guinéens se consultent et se parlent de la base au sommet pour l’avenir de la nation », a indiqué El hadj N’Dirè Baldé, président du cadre de concertation inter-religieux à N’zérékoré.

Et au pasteur Maurice Zogbélémou de renchérir : « Nous ne trouvons pas d’obstacle à cela. Si les nouvelles autorités ne voulaient pas que tout le monde participe pour que ça soit inclusive, on allait pas parler d’assises nationales. Ça concerne tout le monde et c’est pour mettre les idées ensemble. »

Si l’idée est saluée par ces religieux, ils ne comprennent pas par contre, pour quoi la justice n’apparaît pas dans la dénomination.

« Je ne partage pas la façon dont on veut faire. Moi je souhaite que la justice soit intégrée ensuite la réconciliation viendra et il y aura la paix. Si on ne répare pas l’injustice, on dit vérité, pardon et réconciliation ça va causer problème. On ne peut pas mettre le pied sur des braises et dire qu’on ne peut pas se brûler », ajoute El Hadj N’Dirè Baldé.

Même sentiment chez pasteur Zogbélémou qui pense qu’on ne peut pas parler de pardon sans rendre justice aux victimes.

« Il faut savoir qui a fait quoi et que la personne reconnaisse son tort et s’engager à ne plus reprendre. La justice doit aussi faire son travail. Puisque qu’eux-mêmes ils dit que la justice sera la boussole, il faut que l’on sente à travers ces assises », dit-il.

À huit (8) jours du lancement de ces assises nationales, les termes de références ne sont pas encore connus et certains partis politiques n’excluent pas de boycotter.