Dans un courrier adressé ce mardi 09 novembre 2021 au président en exercice de la CEDEAO, le président de la transition en Guinée a indiqué que la nomination d’un envoyé spécial en Guinée est inopportune. Une manière de désapprouver la nomination de Mohamed Ibn Chambas, mais aussi une claque pour le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) qui a, dans un communiqué lundi, « revendiqué » la désignation par la CEDEAO d’un médiateur.

Au terme du sommet extraordinaire tenu le dimanche 07 novembre 2021 à Accra (Ghana), les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO tout en maintenant les sanctions individuelles contre les membres de la junte et leurs familles ont décidé de nommer Dr Mohamed Ibn Chambas comme Envoyé Spécial en Guinée en vue, disent-ils, de renforcer le dialogue avec les autorités de transition vers un processus de transition réussi et court. Une nomination saluée par le FNDC qui, dans un communiqué lundi, a indiqué avoir été entendu par les dirigeants ouest-africains.

« À l’issue de son sommet extraordinaire des chefs d’Etats tenu le 7 novembre 2021 à Accra, la CEDEAO a nommé un médiateur pour la Guinée afin de faciliter le dialogue entre les différents acteurs de la Transition, les autorités guinéennes et l’organisation sous régionale. Le FNDC se félicite de cette décision de la CEDEAO qui est la matérialisation des engagements pris par l’instance sous-régionale envers nos missionnaires lors de la récente tournée effectuée dans la sous-région », a indiqué le mouvement opposé au troisième mandat de l’ancien président Alpha Condé.

Poursuivant, le Front précise qu’en « s’engageant à donner suite au plaidoyer du FNDC, la CEDEAO s’est réservée le droit de nommer à cette fonction l’émissaire de son choix dans le respect des règles en la matière. »

La réaction du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) et de son président, Colonel Mamadi Doumbouya ne s’est pas fait attendre. Dans un courrier adressé ce mardi 09 novembre 2021 à Nana Akufo-Addo, président du Ghana et président en exercice de la CEDEAO, Conakry désapprouve cette nomination qu’elle trouve inopportune et non urgente.

« La nomination d’un Envoyé Spécial ne nous paraît ni opportune ni urgente dans la mesure où aucune crise interne, de nature à compromettre le cour normal de la transition n’est observée. La mise en place des organes de la transition se déroule comme prévu, dans un climat apaisé et en parfaite symbiose avec les forces vives du pays », peut-on lire dans le courrier.

Une façon pour les autorités de la transition d’exprimer leur désaccord mais aussi une claque pour Abdourahmane Sano et son équipe. Le FNDC qui a été également ignoré dans la composition du gouvernement de transition même si l’on note la présence d’Ousmane Gaoual Diallo et d’Alpha Soumah (Bill de Sam) dont les formations politiques appartiennent au FNDC mais disent n’avoir été ni consultées ni informées.

Il faut par ailleurs rappeler que ce n’est pas le premier désaccord entre le FNDC et le CNRD. En septembre dernier, le Colonel Mamadi Doumbouya a condamné la mobilisation lors de la rentrée au pays des responsables du FNDC en exil alors qu’il y avait une mesure interdisant les regroupements de masse en raison de la situation sanitaire. Le président de la transition avait demandé aux autorités compétentes de tirer toutes les conséquences du droit.

La rédaction