Face aux menaces qui pèsent sur les professionnels des médias en cette période de transition, des voix se lèvent pour exiger le respect des dispositions de la loi sur la liberté de presse.
Depuis le début des manifestations contre la junte militaire en juin 2022, plusieurs cas d’agression et de séquestration des journalistes ont été signalés dans divers endroits de la capitale Conakry.
Le dernier cas d’agression en date est celui du Président de l’Union des Fondateurs des Sites Internet de Guinée (UFSIG), Abdoul Wahab Barry, qui est également le Rédacteur en Chef du site d’information www.kababachir.com.
Début octobre, notre confrère a échappé de justesse à un assassinat par des hommes armés, et son domicile a été perquisitionné par des agents des forces de défense et de sécurité tard dans la soirée, a indiqué à notre rédaction une source proche de la victime.
Ce jour-là, poursuit notre interlocuteur, une manifestation spontanée intervenue en marge de la célébration de l’an 64 de l’indépendance, le 02 octobre 2022, s’est transformée en affrontement entre forces de l’ordre et manifestants. L’armée qui avait été réquisitionnée depuis juillet pour assurer le maintien d’ordre, a été amenée à intervenir.

Alors que notre confrère craint pour sa vie et celle de sa famille pour avoir été ciblé par des militaires à partir de l’immeuble où il habite, des voix se lèvent pour dénoncer le musellement de la presse pendant cette période de transition.
Selon un responsable de l’Union des Fondateurs des Sites Internet de Guinée (UFSIG), « Le combat que tous les journalistes guinéens doivent mener aujourd’hui, c’est celui de faire en sorte que non seulement s’il y a un problème qui est commis par un journaliste par voie de presse, il ne faut pas le convoquer dans des camps militaires ou l’agresser. Que ce problème soit transféré à la Haute Autorité de la Communication et s’il faut aller devant les juridictions, nous ne sommes pas des surhommes, nous sommes justiciables, que l’on nous défère devant les tribunaux en tenant compte de la loi L002 portant liberté de la presse en Guinée… », a déclaré Mohamed 2 Camara, chargé de l’autorégulation des médias au sein de cette association de presse.
De son côté, le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) aborde dans le même sens :
« Nous sommes menacés. Mais, face à ces menaces, nous devons nous battre. Parce que comme on aime à le dire, ceux qui vivent sont ceux qui luttent. », a lancé Ibrahima Bah, responsable de la Communication de l’organisation
Au cours de différents incidents survenus les 7, 27, 28 juillet, et le 17 Août, une dizaine de journalistes qui couvraient des manifestations pour des médias privés dans la capitale Conakry ont été agressés, selon un communiqué du Syndicat des professionnels de la presse de la Guinée (SPPG) et les journalistes, qui se sont entretenus avec le CPJ via une application de messagerie.
« Les autorités guinéennes doivent enquêter sur l’agression et les blessures des journalistes qui couvraient des manifestations en juillet et traduire les responsables en justice pour envoyer un message clair que la violence contre la presse n’est pas tolérée », a déclaré Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ, à New York. « Les acteurs politiques doivent protéger les journalistes qui couvrent les manifestations et ne pas les empêcher de faire leur travail. »
Du côté des organisations professionnelles des médias, qui ne comptent pas baisser les bras pour défendre les acquis sur la liberté de presse obtenus au prix du sang et de la sueur au cours de deux dernières décennies, on dénonce les dérives dictatoriales des autorités de transition
AfricTivistes, une ONG régionale de défense des droits de l’homme, condamne fermement ces graves entraves à la liberté de la presse et rappelle que la liberté d’expression est un droit humain fondamental garanti par les Constitutions dans les différents pays de la sous-région et par les textes fondamentaux internationaux et conventions ratifiées par les différents Etats de l’Afrique de l’Ouest.
L’ONG demande aux autorités africaines de protéger tous les acteurs de la société de l’information dans l’exercice de leur métier et les exhorte singulièrement à garantir l’intégrité physique et morale des journalistes précités afin qu’ils puissent continuer d’exercer librement leur métier sans menaces.
« Nous demandons à l’Union Africaine (UA) et à la CEDEAO conformément à la Déclaration de principes sur la liberté d’expression de prendre au sérieux les menaces et d’agir pour plus de protection des journalistes. », recommande AfricTivistes. Avant de faire une invite aux pouvoirs publics d’œuvrer en faveur de la protection des journalistes.
« Nous appelons les forces vives africaines et les organisations de la société civile du continent à travailler pour protéger le secteur des médias africains pour consolider la démocratie en Afrique, seul gage de paix et de stabilité dans le continent. », conclu l’ONG.
Lors d’un point de presse, la “Presse Solidaire” a dénombré le 02 novembre 2022, huit (8) cas d’agressions perpétrées contre les journalistes.
Soucieuse d’une liberté d’expression pour une démocratie réelle, l’ONG demande aux autorités de la Transition d’œuvrer davantage à la protection des journalistes, pour qu’ils puissent mener à bien, en toute indépendance, mais aussi en toute responsabilité, leur travail.
Thierno Idrissa Diallo
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.