La presse étant considérée comme l’oxygène de la démocratie, reste de nos jours indispensable pour une nation qui se veut démocratique. Son indépendance dans un État de droit est non négociable. Cette indépendance doit se faire sentir sur tous les plans. Malheureusement en Guinée, la liberté de la presse est perçue d’un seul côté qui est le respect de loi portant sur la dépénalisation du délit de presse. Ce qui créé parfois des malentendus.

L’indépendance du journaliste c’est aussi être à l’abri du besoin. Pourtant, en Guinée, le faible niveau de vie des Hommes de médias est un secret de polichinelle. Ils sont mal payés dans les différentes rédactions et travaillent dans des conditions très difficiles. A titre illustratif, ils sont combien à avoir un salaire qui dépasse à peine le SMIG fixé à 440.000 ? Combien réclament désespérément un contrat de travail ? Combien de journalistes vivent uniquement des primes de reportages qu’ils gagnent sur le terrain ? Ils sont nombreux. Ils en font même une obligation. Comment obtenir cette liberté de presse, alors que nous vivons dans leur poche ?

Dans ces conditions, il est peu probable d’obtenir une presse libre et indépendante. Car la main qui donne est celle même qui a le dernier mot.

Le drame, c’est aussi lorsque des journalistes contribuent à leur autodestruction. Lorsque des patrons de presse roulent avec des dignitaires et bénéficient de certains privilèges, ils refusent la diffusion de toute information, susceptibles à nuire ces derniers. Ils vont parfois jusqu’à menacer de renvoyer le reporter qui a travaillé sur un élément dit compromettant. Au pire des cas, ils dictent à la rédaction la ligne éditoriale.

Il y a également ces journalistes au service du système. Ils capturent des articles, les envoie aux personnes concernées pour dire ‘’ chef tel site, tel journaliste sont contre vous. Voici ce qu’ils écrivent sur vous.’’ D’autres écoutent des émissions et enregistrent pour les faire écouter, juste pour des miettes. Et quand on organise une manifestation pour dénoncer, les mêmes sont au premier rang pour se faire remarquer. C’est le dernier degré de l’hypocrisie. La presse doit changer de stratégies pour se maintenir.

Ils doivent refuser de travailler dans un médium qui appartient à un politique quel que soit son appartenance politique. Il y’a des médias en Guinée qui ne peuvent pas être solidaire aux autres, parce que les bailleurs de ces médias sont des dignitaires de l’Etat. Lorsqu’on décide de faire des journées sans presse, ces médias vont se désolidariser. Et si vous appelez au boycotte le plus grand nombre ne vas pas respecter parce qu’ils ne peuvent pas boycotter l’activité de leur parrain. Pourtant, c’est avec des actions de boycotte, des journées sans presse qu’on pourra y arriver. C’est pourquoi nous devons changer dans nos façons de faire.

Pour mieux lutter, nous devons assainir d’abord notre corporation est assoir des bases solides. Arrêtons de faire semblant de lutter.

Diallo Alpha Bakar Sank, Journaliste indépendant