Si l’honorable DAMARO fraichement elu President de l’Assemblée nationale guinéenne (quelque soit le jugement politique du contexte) est konian et originaire de la localité de Damaro, il est historiquement forestier au même titre que les descendants de toutes les communautés qui ont scellé le Pacte de MISSADOU en 1694.
En effet, le pacte de Missadou a été conclu entre Konia, Kpèlè, Loma et Manon vers les années 1694 sur la colline de Djonfa tintin à Missadou, Préfecture de Beyla.
Il est à retenir définitivement pour ceux qui ne maitrisent pas l’histoire , l’ethnologie et la sociologie de cette partie du Sud de la Guinee que cette région est par essence cosmopolite avec des cercles culturels entre croisés qui fondent sa spécificité et sa grandeur.
Au point de vue de l’analyse plus approfondie des entités ethnologique qui peuplent cette partie de la Guinée, il faut constater aux nombreux sceptiques qu’après le déclin de l’empire du Mali un véritable processus de brassage s’est enclenchée entre 2 grandes civilisations traditionnelles notamment celles appelées par les anthropologues: La civilisation des cités ou des grands empires composées de commercants en majorité avec des pouvoirs etatiques et celle dite des » clairières « composée d’agriculteurs sédentaires avec des pouvoirs anetatiques.
Les effets de ces brassage se constatent et se verifient avec plus d’acuité aux niveaux des préfectures tamponnes de la rentrée de la region firestiere vers le nord à kissidougou et à la sortie vers le sud à Beyla aussi dans toutes les prefectures de la forets.
Ainsi qui pourrait refuser aux kouranko , aux Lele et aux keita descendants de kissikaba leur appartenance à kissidougou et à la foret?
Qui pourraient refuser aux lele de kassadou dans Gueckedou leur appartenance à Gueckedou et à la foret?
Qui oserait penser que les toma manian de Macenta sont hors de la foret?
Au même titre que les konian et kpele de Beyla et de Nzerekore, chacune des communautés qui y vivent depuis des siècles ne peut s’adjuger l’autorité d’exclure l’autre!
D’ailleurs le poids sociopolitique de cette region ne résultera que de la reconnaissance active de cette cohabitation entre tous les peuples de la foret sans aucune discrimination.
Au lieu d’insinuer que l’honorable député DAMARO n’est pas forestier, rejouissons nous qu’il le soit puiqu’il l’est de par l’histoire et la sociologie de cette region.
Pour revenir à l’histoire de la mise en place des peuples qui vivent dans cette partie sud de la region forestière jusqu’au moment où le pacte de MISSADOU a été scellé en 1694 entre les konia, mano, kpele et loma, il est indispensable de savoir qu’ au déclin de l’Empire du Mali, certains groupes ethniques et claniques prirent le chemin du sud. Toumani Kourouma fonda Toumandou sur le plateau de Simandou vers 1640.
Toumani a reçu par ordre d’arrivée, Foromo Doré chef du clan des Manon, Zogo Missa Chef du clan des Kpèlè et Akoi le chef du clan des Loghoma.
Missadougou a été créé par Missa, le chef du clan des guerzés vers 1680, quatre vingt dix ans avant la fondation de la ville de Kankan. Missa aimait faire la pêche le long de la rivière Dion.
Non loin du village, à l’est, dans la rivière Dion, Missa aimait prendre son bain sur un rocher duquel sortait un filet d’eau. En langue Kpèlè l’eau qui sort du rocher s’appelle « kwèni ya » qui par déformation se dit souvent « koni ya ».
On donna à toute la région autour de Missadougou le nom de « Konya », en souvenir de ce lieu de baignade de Zowo Missa, compte tenu de sa forte personnalité. Ainsi, de nos jours encore toute la Préfecture de Beyla est appelée le Konya. Et les habitants, Konyaka : habitants de Konya ou du territoire des rochers, en kpèlè.
– Concernant l’alliance entre les communautés LOMA et GUERZE:
Lorsque le chef du clan des Loma appelé Akoi dont le nom ne nous a pas encore été révélé, est arrivé à Toumadou, il n’était pas encore marié. Il souhaita épouser une fille de son hôte Toumani. Mais celui-ci n’avait pas une fille disponible en âge de se marier. Il demanda alors à Zowo-Missa la main d’une de ses filles pour une union avec « son étranger » (celui qui est accueilli et parrainé au village) qui était travailleur mais célibataire. Missa accepta la proposition de Toumani et le mariage fut célébré entre le chef des Lomas et la fille de Zowo-Missa.
Depuis lors, les Lomas sont devenus les neveux des guerzés et les deux groupes ethniques se reconnaissent comme alliés et vivent comme tels.
– Concernant particulierement le pacte entre les communautés KONIAN, GUERZE, LOMA et MANO;
Après leur installation, les quatre chefs de ces communautés: Toumani, Foromo, Missa et Akoi décidèrent de faire un pacte : une alliance de fidélité, de fraternité et de bonne collaboration qui s’appliquerait à eux et à leurs descendances. A cette époque, l’animisme dominait.
Les quatre hommes prirent un canari (vase en poterie servant à cuire et à conserver les aliments) et le remplirent de sable. Ils creusèrent un trou et y déposèrent le canari. Au jour convenu pour la prestation de serment, Toumani demanda à chacun de ses confrères de venir avec son fétiche. Outre ses fétiches, Toumani lui-même vint avec une aiguille et un morceau d’étoffe. Ils s’assirent ensuite à même le sol et entourèrent le canari.
Chacun d’eux déposa dans le canari son fétiche. Avant de prêter serment, Toumani intervint et exprima son intention d’illustrer l’acte par une image forte qui marquerait les esprits.
– concernant le symbole du pacte:
«Si nous restons soudés de la manière dont le coton a été filé, aucun mal ne pourra nous atteindre. Soyons et demeurons soudés. Mais si nous nous dispersons et si nous sommes désunis, tout peut alors nous arriver. »
Toumani prit l’aiguille et essaya de faire entrer le morceau d’étoffe dans le trou de l’aiguille. Il n’y parvint pas, bien sûr.
Après de vains efforts, il invita ses compagnons au même exercice; mais hélas, aucun n’y parvint, tous échouèrent. Toumani prit alors l’étoffe, il la fila et réussit enfin à l’introduire avec aisance dans le trou de l’aiguille. Il donna ensuite l’aiguille et le fil de coton à ses compagnons qui réussirent à leur tour la manœuvre.
Toumani déclara :
Après cette déclaration, chacun d’eux prêta le serment de fidélité, de fraternité, de respect de l’autre, de pardon et de tolérance et surtout d’obéissance.
Des années après, Missa décida de descendre vers le sud. Au jour de son départ, il fut accompagné par ses proches dont Akoi. Missa et son équipe longèrent la chaine de montagnes du Simandou jusqu’à la descente à Boola. Ils longèrent ensuite la rive gauche du fleuve Diani.
Ils trouvèrent un endroit propice pour s’établir au pied d’une montagne appelée Yono, et il y fonda un village auquel les gens donnèrent le nom de « Zowota », village de Zowo Missa (Zowo signifie maître de l’initiation).
Missa aurait été un maître du culte et de l’initiation. Il aurait ainsi été à l’origine de la première génération des initiés à Missadou avant sa séparation d’avec les autres. A Missadou, cet endroit garde encore son nom « Gbaghana », porte d’entrée du camp d’initiation. Aujourd’hui, c’est une localité à l’est de Beyla, dans la Sous-préfecture de Zaraguerela.
Nos investigations nous ont enseigné que le séjour prolongé des guerzés, Konianké, Manon, et Loma dans une cité commune appelée Missadou a permis à ces communautés de fonder leur vivre ensemble sur une alliance devenue un élément fondateur d’unité, de solidarité et de cohésion sociale.
Logiquement, s’il était connu de tous, que Koniaké, Guerzé, Manon et Loma font tous partie de cette maison commune de Missa, ils éprouveraient de la gêne à l’idée que leurs oppositions, affrontements et exclusions ne sont que les erreurs d’une génération qui a perdu les repères de ses origines.
Il semble donc important que le vécu de ces communautés soit connu par les générations actuelles et à venir; ce pour atténuer des conflits aux origines historiques, économiques, sociales et culturelles que viennent exacerber les tensions et manipulations politiques ainsi que les défaillances et dysfonctionnements des structures administratives et judiciaires au niveau de la région. Dans cette optique, l’engagement individuel et collectif ainsi que la responsabilité de l’autorité administrative, judiciaire, religieuse et coutumière sont des pré-requis fondamentaux.
Qui peut alors refuser à un fis du konia et de surcroît du village de DAMARO son appartenance à la Guinee forestière !
En dépit de tout ce qui précède , nul n’empêche à qui que ce soit d’avoir une opinion politique mais évitons de déformer notre histoire commune de cohabitation pacifique pour des raisons de calcul politique.
Que Dieu bénisse la Guinée
Bonne cohabitation pour la prospérité de la Guinée forestière car il est sociologiquement impossible d’extraire de la forets les cercles socioculturels d’origine mandingue.
Aimé Stephane Mansare
Expert consultant Sciences Sociales du Développement!
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