Selon le bulletin statistique de la dette au premier trimestre 2022 publié par le ministère de l’économie, des finances et du plan, le stock de la dette publique et de la dette garantie au 31 mars 2022 se chiffre à 64 157,923 milliards GNF, soit environ 7, 203 milliards USD. Il est constitué de 35 120,740 milliards GNF soit 3,943 milliards USD au titre de la dette extérieure (54,74%) et de 29 037,183 milliards GNF soit 3,260 milliards USD au titre de la dette intérieure (45,26%).
L’évolution du stock de la dette publique présente une tendance à la hausse par rapport au premier trimestre 2021, qui était de 6,549 milliards USD, due à la hausse de l’encours de la dette intérieure qui est passé de 2,535 milliards USD à fin décembre 2021 à 3,260 milliards USD à fin mars 2022.
Le document précise que la dette intérieure est constituée des Bons du trésor à moins d’un an (11,11%), des Emprunts Obligataires de 3 ans (3,31%), de la dette titrisée (3,82%), des avances à court termes de la BCRG (5,32%), de la recapitalisation de la dette BCRG (15,75%), des crédits TVA et des arriérés de dépenses (0,92%). La dette extérieure quant à elle est constituée de la dette Multilatérale (46,8%), de la dette bilatérale (45,3%) et de la dette commerciale (7,9%).
La dette multilatérale est composée de la Banque Mondiale (8,9%), du FMI (6,5%), de la BID (3,9%), du Groupe de la BAD (3,1%), de la BEI (1,3%) et des autres (2,2%) de la dette publique. Il est à noter que la Banque Mondiale et le FMI représentent respectivement 33,6% et 24,7% de la dette multilatérale, 15,8% et 11,6% de la dette extérieure.
Les créanciers du Club de Paris excluant le C2D représentent 0,7%, alors que ceux Hors Club de Paris se situent à 24,9% de la dette publique. En termes de volume de la dette bilatérale, la Chine occupe le premier rang avec 70,3%, 31,8% de la dette extérieure et 18,0% de la dette publique.
Le taux d’endettement public (encours de la dette rapporté au PIB) est de 42,37%, reparti entre la dette extérieure pour 23,195% et la dette intérieure pour 19,174%. (voir tableau 1).
Ce taux, en baisse par rapport à celui du quatrième trimestre 2021, qui était de 43,6% s’explique par la baisse du taux d’endettement de la dette extérieure, qui est passé de 24,7% à fin 2021 à 23,195% au 31 mars 2022.
La variation de ce taux d’endettement en dessous du seuil de 70% fixé pour les pays membres de la CEDEAO, résulte de la gestion prudente de la dette, qui privilégie le recours aux emprunts concessionnels, en conformité avec les reformes des Finances Publiques.
Il est à signaler que le C2D en GNF 487,45 milliards, soit USD 50 millions, ainsi que les arriérés extérieurs pour GNF 1 536,25 milliards, soit USD 157,58 millions, représentent respectivement 0,76% et 2,42% de la dette publique et 0,31% et 0,99% du PIB.
De même, le ratio du service de la dette sur les exportations est de 2,82% en moyenne, nettement en dessous du seuil de 10%. Toutes choses qui ont permis la stabilité du taux de croissance à une moyenne de 7,5% sur les trois dernières années.
Avant l’éclatement du panier de DTS entre les devises, le dollar était à 42% alors que l’euro était à 13%. Après l’éclatement, le dollar US avec 57%, reste la principale monnaie de la dette extérieure suivi de l’euro 25%. Cette configuration traduit la politique du Gouvernement qui consiste à réduire progressivement l’exposition du portefeuille de la dette publique au risque de taux de change.
Les tirages sur emprunts en devises s’élèvent à USD 40,499 millions, soit GNF 409,139 milliards pour la réalisation des Projets et Programmes de Développement financés par les partenaires bi et multilatéraux), par catégories de créanciers et par trimestre.
Les prévisions de la dette publique en 2022 se chiffrent à GNF 15 797,93 milliards dont 13 621,21 en dette intérieure et 2 176,72 en dette extérieure.
Pour le premier trimestre 2022, le service payé de la dette publique est de GNF 4 040,51 milliards dont GNF 3 817,28 pour la dette intérieure et GNF 223,23 pour la dette extérieure, soit un taux d’exécution de 38,28%.
Aussi, l’Etat a mobilisé au cours du premier trimestre 2022 GNF 2 856,25 milliards sur le marché local, constitués de bons du trésor. Ce niveau est en baisse par rapport à fin décembre 2021, qui était de GNF 3 163 milliards.
Le profil d’amortissement de la dette publique reste faible de 2022 à 2050. Cette tendance s’explique par le recours aux prêts concessionnels conformément au programme FEC.
Le risque de refinancement est important et découle principalement de la dette intérieure. A fin 2022, près de 36,9 % de la dette intérieure, principalement les arriérés et les bons du Trésor, doit être remboursée et refinancée en 2023. En dehors des bons du Trésor, le profil de maturité indique une bonne répartition des échéances au cours des prochaines années. Ce profil pourrait changer si la stratégie implicite actuelle qui favorise l’émission de titres à court terme demeure inchangée pour les prochaines années.
Au cours du premier trimestre 2022, aucun nouveau engagement n’a fait l’objet de signature mais toute fois, pour l’année 2021, le montant total des nouveaux engagements au titre des prêts et des dons se chiffre environ à USD 431,600 millions soit un taux moyen de concessionnalité de 39,98%.
L’analyse du portefeuille de la dette a été réalisée en 2020 avec l’assistance technique de l’Afritac de l’Ouest du FMI. Les résultats ont montré que le portefeuille est exposé aux risques de refinancement, au taux d’intérêt et de change comme indiqués dans le tableau 5.
Au deuxième trimestre 2021, la Guinée a mis à jour sa stratégie de la dette à moyen terme (SDMT).
De cette mise à jour, il ressort l’analyse ci-après :
- le taux d’intérêt moyen de la dette extérieure est de 2,1% ;
- la durée de vie moyenne de la dette extérieure est de 10 ans ;
- le risque de change reste élevé à 65%.
- le risque de refinancement de la dette intérieure reste élevé avec une part importante de Bons de Trésor à maturité courte (1 an) ;
Il faut noter que le risque budgétaire lié au non-recouvrement de ces prêts rétrocédés aux entreprises bénéficiaires est élevé.
Le montant total des soldes engagés non décaissés s’élève à USD 2 317 milliards soit GNF 21 085 milliards au 31 décembre 2021. Près de 60% de ce solde de financements proviennent de sources bilatérales, y compris le financement du projet Hydroélectrique de Souapiti.
Il est à signaler que ce montant serait sensiblement réduit si l’on soustrait les accords de prêts signés non encore décaissé en juin 2021 représentant USD 741,74 millions, soit GNF 7 459,59 milliards.
Le Plan d’endettement 2022-2023 prévoit la signature des projets comme indiqué dans le tableau 9.
Conclusion et Recommandations
Il est à signaler que les indicateurs de viabilité de la dette publique sont restés à un niveau modéré de risque de surendettement. Cependant, le portefeuille de la dette publique est exposé à des risques de refinancement pour la dette intérieure, de change pour la dette extérieure et de taux d’intérêt pour la dette publique.
Le taux d’endettement est resté complètement en deçà du seuil communautaire de la CEDEAO de 70% ce qui donne en principe une marge éventuelle de manœuvres pour mobiliser des ressources de financement des infrastructures socioéconomiques de base.
Le taux d’endettement est conforme au seuil de 35% de concessionnalité fixé par le FMI et la Banque Mondiale.
Il est important de signaler que la Banque Mondiale a classé la Guinée parmi les cinq meilleurs pays au monde qui reçoivent les ressources de l’Association Internationale de Développement (IDA) pour les questions de transparence dans la gestion de la dette publique. Les critères qui ont favorisé ce résultat résident dans la publication à temps du bulletin statistique de la dette avec une périodicité régulière, une accessibilité facile, une bonne couverture des instruments (dette intérieure et extérieure) et les informations les plus récentes.
Ainsi, pour renforcer cette notation de la Banque Mondiale en matière de gestion de la dette, il est envisagé de :
• accélérer le processus des décaissements des projets et programmes de développement en vue d’améliorer le taux d’absorption ;
• diversifier les instruments d’emprunt sur le marché intérieur pour financer les infrastructures, en privilégiant les émissions d’obligations du trésor, afin de minimiser les risques de refinancement ;
• diversifier le portefeuille de la dette extérieure en devises pour réduire les risques de changes ;
• former le personnel de l’utilisation efficiente du logiciel SYGADE.
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