Réaction au Communiqué de la Présidence de la République de Guinée sur des manifestations du FNDC contre le tripatouillage de la Constitution et le 3e mandat.

Le 14 octobre 2019, le FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution), regroupant lasociété civile et les partis politiques d’opposition, a organisé à travers tout le pays, des manifestations pacifiques de protestation contre le tripatouillage de la Constitution actuelle de la Guinée afin d’assurer une présidence à vie à Monsieur Alpha Conde.
Que l’on se souvienne de l’histoire des peuples déterminés à lutter contre l’arbitraire. En France, le combat abouti à la prise de la Bastille, sous Louis XIV, le 14 juillet 1789 ; la révolution Bolchevique contre les Tsar Nicholas II, le 17 octobre 1917 ; le renversement par l’action de la rue du Président Ben Ali en Tunisie en 2011, après 23 ans de pouvoir sans partage ; la chute de Hosni Moubarak en Egypte, en 2011 grâce à l’action de la rue; le renversement de Blaise
Compaoré, au Burkina, le 31 octobre 2014 ; la chute de Yaya Yammeh, en Gambie, le 21 janvier 2017 ; la démission le 2 avril 2019 du président Abdelaziz Bouteflika, sous la pression de la rue et de l’armée, après vingt ans passés à la tête de l’Algérie ; le renversement d’El Bachir au Soudan, le 11 avril 2019 ; etc.

Comme les peuples ci-dessus mentionnés, le peuple de Guinée, épris de liberté, de démocratie et de justice politique, a massivement répondu OUI à l’appel du FNDC pour rejeter tout projet de changement constitutionnel. En fait, la manifestation du 14 octobre 2019 a été un sursaut national contre le projet du régime qui vise à manipuler la constitution à des fins personnelles de présidence à vie.

Face à la détermination d’un peuple mobilisé contre le régime, le Gouvernement de M. Alpha Condé s’est rendu à l’évidence que son projet n’est pas celui du peuple et les manifestations l’ont clairement démontré.

Le pouvoir de Monsieur Alpha Conde balbutie et tremble d’impuissance. C’est ainsi que la Présidence de la République a fait un communiqué appelant au dialogue. En essence, le communiqué appelle au dialogue entre le gouvernement et les protestataires ; il demande la collaboration entre les deux camps afin de trouver les solutions aux problèmes qui se posent à la Guinée. Mieux, le communiqué souligne la nécessité de respecter le droit et libertés des citoyens, y compris celui de manifester. Le communiqué annonce la complétion des élections des chefs de districts et de quartiers et des conseils régionaux qui, par manque de volonté du régime d’Alpha Condé, ont été arbitrairement ajournées.

Mais, tout ce qui est dit dans ce communiqué n’est qu’intentions, qui sont tout sauf la réalité et la vérité. C’est un appel d’un bateau en détresse, d’un régime aux abois et truffé de mensonges et de manipulation. Au moment où la Présidence appelle au Dialogue, les affidés du régime continuent de mener des exactions, de violer les principes sacrosaints de la démocratie et des arrestations arbitraires dans les quartiers. En moins de 3 jours, 10 personnes au moins ont été lâchement tuées par balles, des centaines d’autres ont été blessées, dont plusieurs sont dans des états critiques ; la maison centrale de Conakry est remplie de manifestants politiques sans oublier les humiliations et les dégâts que subissent nos concitoyens. Ces affidés qui manipulent une minorité des forces de défense et de sécurité, tentent astucieusement de diriger la répression sous l’anglecommunautaire dans le but de provoquer des affrontements inter-ethniques. Comment les Guinéens peuvent-ils continuer à croire à la sincérité d’un appel au dialogue en ce moment ?

Malgré les morts et les souffrances infligées au peuple de Guinée, le régime reste sourd et cherche simplement à gagner du temps. Toutefois, le peuple de Guinée reste debout, mobilisé et vigilant. Car le respect des droits et libertés politiques des citoyens ne se donne pas, mais s’arrache par la lutte.

C’est pourquoi, dans le cadre de l’appel au dialogue lancé par la communauté internationale (les Nations Unies, la CEDEAO, la Délégation de l’Union européenne, les Etats-Unis, la France, la Belgique, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni, le BL exige comme préalable ce qui suit:

1. La libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques arrêtés lors des manifestations organisées par le FNDC ;

2. La mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour identifier les auteurs et les commanditaires des tueries et des blessures, et vérifier les informations provenant des
personnes arrêtées, qui font état de tortures et d’humiliation ;

3. La déclaration solennelle du Président de la République renonçant au projet de changement constitutionnel et, par ricochet, au 3e mandat ;

4. La destitution immédiate du Gouvernement le plus liberticide des dix dernières années de la Guinée dans son entièreté ;

5. La mise en place d’un gouvernement de mission composé de cadres républicains,
compétents et intègres. Ce gouvernement assurerait la conduite du dialogue politique national, annoncé par le Président de la République ; la mise en place d’une commission électorale nationale indépendante (CENI) à caractère technique et non partisan ; et
l’accompagnement de cette CENI dans l’organisation d’élections crédibles et inclusives, en conformité avec les recommandations faites par les auditeurs du fichier électoral.

Le Bloc Libéral, tout en présentant ses sincères condoléances aux familles des victimes, prie pour le repos de leurs âmes, souhaite prompt rétablissement aux personnes blessées, exhorte les
Guinéens et Guinéennes de tous bords à ne jamais céder à la division et à la violence, et à continuer le combat afin d’instaurer une véritable démocratie en Guinée. Les évènements d’octobre 2019 seront inscrits en lettres d’or dans les annales de la lutte pour la démocratie en Guinée.

Conakry, le 18 octobre 2019

Le Bloc Libéral